Les plantes exotiques sont en vogue, surtout les palmiers, arbres emblématiques des pays tropicaux. Il suffit de voir les stocks importants proposés à la vente au printemps. Malheureusement, il s'agit le plus souvent de palmiers des Canaries (Phoenix canariensis), une espèce peu rustique en France, sauf dans le Midi méditerranéen, en particulier sur la Côte d'Azur où des spécimens de belle taille forment de superbes alignements. Dans la plupart des autres régions les résultats sont décevants.
Phoenix Canariensis en pleine terre
J'ai moi aussi succombé à cette mode et j'ai planté il y a longtemps deux Phoenix dans mon jardin exotique. Le climat, océanique, y est doux mais il peut arriver qu'il fasse très froid et qu'il neige. En théorie rustiques jusqu'à -8°, ils souffrent considérablement même protégés d'un paillis de feuilles et de voile d'hivernage. Le coeur reste intact mais les palmes grillent invariablement sans que je sache si les dégâts sont dus à l'humidité ou au froid. L'hiver dernier, un des deux a disparu et celui qui a survécu est de taille modeste. Reste la possibilité de cultiver le Phoenix en bac mais cela demande des efforts. Fort heureusement, il existe des espèces adaptées au climat tempéré pour les jardiniers qui ne conçoivent la culture des palmiers qu'en pleine terre. Le plus connu est sans nul doute Trachycarpus Fortunei.
Un palmier très décoratif
Il est couramment appelé palmier de Chine ou palmier chanvre à cause de la structure fibreuse de son stipe (terme désignant le tronc) constitué par la base des anciennes palmes. En Chine, où il pousse spontanément jusqu'à 2500 mètres, il donne lieu à toutes sortes d'utilisations. Tout est beau en lui, son stipe qui présente une structure de fibres entrecroisées et ses larges palmes vert sombre en éventail. Avec le temps, il se dégarnit mais reste toujours surmonté d'une couronne de palmes. Adulte, il peut atteindre 12 mètres. Au bout de cinq ans, il fleurit. Les fleurs jaunes assez nombreuses sont agglutinées en grappe sur la partie supérieure du stipe. De petits fruits noirs leur succèdent. C'est en automne et en hiver quand le jardin se vide qu'il se remarque le plus.
Facile à cultiver
Ses exigences de culture sont réduites. Il accepte tous les sols bien drainés. Dans mon jardin, le sol assez riche est souvent très sec dès la fin du printemps, cela ne l'empêche nullement de pousser. La chaleur estivale semble même lui profiter. Bien qu'il tolère l'ombre, Il est préférable de choisir une exposition ensoleillée, ce qui permet d'avoir une couronne de palmes plus fournie. Son développement sera aussi plus important. Il apprécie d'être abrité du vent.
Soigner la plantation
Pour que ce palmier donne le meilleur de lui-même, il est nécessaire de soigner la plantation. Il faut le planter dans un sol réchauffé (en mai par exemple) et creuser un trou deux fois plus large que la motte (qu'il ne faut surtout pas briser). Il a besoin d'une bonne réserve de terre meuble. Ajoutez un amendement comme du compost. Arrosez régulièrement la première année. Pendant deux ou trois ans, l'utilisation d'un engrais liquide pour palmier l'aidera à bien démarrer.
Une croissance lente au début
Malgré ces bons soins, la croissance du palmier de Chine est lente. Les trois ou quatre premières années, il a tendance à végéter. C'est souvent le temps qu'il lui faut pour s'installer. Le petit sujet de 40 cm que j'ai installé en 2003 n'est vraiment beau que depuis trois ans, il fait environ 1,90 mètres. A présent, il ne me demande plus aucun entretien, si ce n'est la taille des palmes qu'il faut couper uniquement lorsqu'elles sont sèches.
Sa floraison printanière
Résistant au froid
Je l'ai protégé tant que sa taille le permettait, c'est-à-dire pendant pendant 4 ou 5 ans. Le pied était paillé avec des feuilles mortes et le stipe et les palmes recouverts d'un voile d'hivernage. Maintenant, il supporte sans faillir la neige et des gelées de -12° comme en décembre 2009 ( ce qui est rare, les minima étant plutôt de l'ordre de -7 ou -8°.) Les sujets bien développés sont rustiques jusqu'à -18°. Seules les régions au climat vraiment très rude risquent de lui déplaire. On peut tenter de le planter contre un mur assez haut exposé au sud.
Pour créer une ambiance tropicale, j'ai choisi de l'associer à un bananier du Japon (musa basjoo), bien rustique également et à des hédychiums (hédychium 'Tara' entre autres) qui apportent peu de couleur au moment de la floraison en août. J'aimerais y ajouter une touffe de Fargesia, pour donner une note asiatique mais je manque hélas de place.
© Ma Planète Jardin, 11/2011