Je suis habitué depuis longtemps à ce que les plantes se ressèment à leur gré un peu partout dans le jardin, dans les massifs ou dans les potées fleuries qui décorent la terrasse pendant la belle saison. Juliennes des dames, fenouils oenothères, verveines de Buenos-Aires sont parmi les plus promptes à se propager. C'est dû au fait que des graines survivent à la montée en température insuffisante du compost qui amende la terre de mon jardin. Je pense aussi que le vent me joue des tours car il dissémine toutes ces semences avant que j'aie eu le temps d'agir.
Parfois, c'est une réussite et je laisse faire, comme lorsque le rudbeckia a le bon goût de se ressemer au pied du géranium Rozanne ou quand julienne et verveines de Buenos-Aires s'invitent parmi les rosiers anciens. La nature compose et travaille alors à ma place, un vrai bonheur.
Cette fois, la surprise est de taille. Depuis quelques semaines, une plante se développe dans une jardinière de géraniums (en même temps qu'une valériane et un fenouil!). En voyant son feuillage gris vert, j'ai cru qu'il s'agissait de l'alysse saxatile, couramment appelée corbeille d'or qui est commune dans les jardins. En grandissant, le feuillage laineux s'est affiné et a pris des nuances argentées qui me font penser à tout autre chose, de même que la forme caractéristique des inflorescences jaunes entourées de bractées qui commencent à apparaitre. Il me semble bien qu'il s'agit d'un spécimen d'edelweiss de variété inconnue de moi, haut d'environ 20 cm. Il semble à l'aise dans se substrat, frais et drainé où il profite de la mi-ombre.
Je suis d'autant plus étonné que j'ai renoncé à cultiver cette belle plante alpine depuis très longtemps, même les variétés naines ne supportaient pas la chaleur écrasante que connaît ma région en été. Elles disparaissaient immanquablement. L'edelweiss n'est d'ailleurs pas cultivé dans les environs. Cette graine à dû faire une long voyage pour atterrir dans mon jardin et ce qui est stupéfiant, c'est qu'elle y ait trouvé les conditions favorables pour germer. C'est difficile à croire.
Malgré une observation attentive et quelques recherches, je ne suis sûr de rien. Peut-être y a-t-il parmi les jardiniers quelqu'un qui saura identifier cet intrus bien sympathique et résoudre cette énigme.
© Ma Planète Jardin, 09/2011