Dans mon jardin, les hellébores d'Orient fleurissent depuis de longues années avec une grande générosité sans autres soins qu'un toilettage annuel effectué en mai (clic ici). Ces vivaces d'exception toujours fleuries de janvier à avril sont indispensables pour égayer sans effort les massifs pendant la période la plus creuse de l'année. Je ne saurais en dire autant de la vraie rose de Noël, l'hellébore noir (helleborus niger), qui est de mon point de vue le plus difficile de tous à réussir tant il se montre capricieux.
Longtemps, les trois sujets installés dans la partie la plus fertile et la plus protégée du soleil estival ne me donnèrent que quelques rares fleurs au début de janvier. Restait ensuite un bouquet de feuilles sans intérêt. L'incompréhension était d'autant plus grande que les touffes d'hellébores d'Orient, elles, prenaient une belle ampleur au fil du temps et que leur floraison devenait de plus en plus abondante. Une de ces singulières énigmes auxquelles le jardiner amateur est souvent confronté.
Lassé de son éternelle résistance, j'ai décidé en septembre dernier de déplacer une touffe moribonde tout en sachant pertinemment que les hellébores n'aiment guère être déplacés. Il ne restait qu'une feuille et un fragment de souche muni de racines, la reprise me semblait compromise.
La belle au caractère fantasque n'a montré par la suite aucun signe de croissance et je dois dire que je l'ai complètement oubliée jusqu'à ce que dans les derniers jours de décembre une bonne quinzaine de grandes fleurs apparaissent subitement. Leurs tiges sont assez hautes pour admirer les fleurs depuis la terrasse. Elles ont tenu très longtemps et ont ensuite été relayées par une deuxième puis une troisième vague de fleurs dont je profite en ce moment si bien que depuis deux mois et demi la floraison est ininterrompue, un phénomène auquel je ne m'attendais pas.
Comment ne pas succomber à l'élégance et la beauté toute simple de ces corolles opulentes blanc pur dont le coeur vert sert d'écrin à de magnifiques étamines dorées ? Les fleurs en passant prennent une teinte rosée puis deviennent vertes quand elles sont fanées. Elles restent alors décoratives ce qui explique en partie pourquoi je les ai conservées, en fait je voudrais aussi que la plante ressème.
J'ai enfin compris les exigences de cet hellébore européen : un sol frais et humifère et de l'ombre en suffisance. Pour obtenir ce résultat, il m'a fallu l'installer au pied de la spirée Anthony Waterer située dans le massif des quatre saisons exposé au nord-est. Ses feuilles enrichissent le sol en automne depuis des années et elle lui procure l'ombre dont il a besoin. Quoique calcicole, il n'est pas gêné par les aiguilles de pin disposées au pied du camelia blanc situé tout contre lui. Malgré la présence de plantes indésirables (lamier pourpre et orties) qui pullulent dans ce substrat riche en matière organique et la concurrence d'indélogeables hémérocalles, il a su s'imposer. A l'automne prochain je ne manquerai pas de lui adjoindre l'autre pied qui me reste pour profiter d'un spectacle encore plus beau.
Un vrai retour en grâce pour cette petite merveille que j'avais fini par prendre en grippe.
© Ma Planète Jardin, 03/2018
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